J'avais accueilli Maellys chez moi et à vrai dire, sa présence me plaisait. Bon, il est vrai que nous n'avions pas vraiment passé beaucoup de temps ensemble encore, d'ailleurs elle restait souvent dormir et par cela, nous nous croisions peu. M'évitait-elle ? Je n'en savais rien et j'espérais que ce n'était pas le cas. Cela me faisait bizarre de la voir comme cela mais c'était agréable cette sensation nouvelle qu'il y avait, comme si le destin avait fait une bonne action et que c'était bon qu'elle soit là à mes côtés. Mais peut être que je m'avançais trop, peut être me faisais-je des idées ? J'avais tendance à trop m'emballer parfois. Or, c'est tout en pensant à elle que je faisais la cuisine se matin. J'aimais bien cuisiner et ma spécialité préférée restait les crêpes. Tandis que j'en faisais sauter une, des pas se firent entendre dans les escaliers et un petit sourire vint se loger sur mes lèvres. « Bonjour demoiselle » fis-je à son adresse. « Tu aimes les crêpes ? » lui demandais-je une fois qu'elle fut réellement dans mon champ de vision. Plus je pourrais passer du temps en sa compagnie, plus je le ferrais. Je n'étais habillé que d'un simple jogging en coton gris avec un tee-shirt que j'avais choisit aléatoirement en guise de pyjama, mais je ne me sentais pas gêné d'être habillé comme cela en sa présence et je me promenais même avec la poêle en main, tout en faisant sauter les crêpes, me préparant à me régaler.

Il est vrai que je tenais plutôt à être discrète en ce moment ; non pas pour l’éviter à tout prix, mais surtout parce que j’avais besoin de faire le point sur ma vie pendant quelques temps – tout était allé si vite, et puis c’était tellement compliqué. J’avais un peu de mal à gérer tout ça, mais Léo restait tout de même un point d’attache, un point de repère, même s’il ne pouvait pas encore savoir pourquoi. Il fallait que je trouve le moment idéal pour lui dire ce qui me pesait sur la conscience, concernant nous deux, mais pas encore – il était encore trop tôt. Autant approfondir la relation d’amitié qu’on a toujours eu en silence avant de crever les secrets, je ne veux pas griller les étapes et finir par le perdre lui aussi, parce qu’il est effrayé ou parce qu’il aurait voulu que j’attende pour lui dire, ou je ne sais quoi encore. J’avais coupé les ponts avec mes parents adoptifs, je ne tenais vraiment pas à ce qu’il nous arrive la même chose. Émergeant lentement mais sûrement de mon sommeil, j’étais descendue en bas, le sommeil m’enveloppant encore ne m’empêchait pourtant pas de savoir que je devais éviter les signes de femme enceinte lorsque la maison était occupée. Je sursaute un peu en reconnaissant la voix de Léo, à peine un dixième de seconde après que j’ai retiré ma main. Espérons qu’il n’ait rien remarqué ! Enfin, si cela avait été le cas, je ne pense pas qu’il aurait engagé la discussion de cette manière-là : j’ai bien vu ses regards intrigués et lourds de questions dès que je sors des toilettes, et ce n’est pas en les évitant tout le temps que je risque de le convaincre d’autre chose que de l’évidence qui ressortait de cette situation. « - Hey ! Tu as bien dormi ? » Je me tourne vers lui et lui fais un petit sourire alors que je peux enfin identifier la bonne odeur qui finalement, m’avait faite me lever inconsciemment, je suis sûre ! « - Évidemment que j’aime les crêpes, c’est même mon pêché mignon ! » D’autant plus que maintenant, j’avais un appétit pour deux qui se réveillait…Lui souriant à nouveau, je me dirige alors vers la table de la cuisine mais me tourne vers lui avant de m’asseoir. « - Tu as besoin d’aide ? » Vu que mon arrivée est encore toute récente je n’ose pas encore mettre la main à la pâte pour faire de la cuisine par moi-même, ou même chercher telle ou telle chose dans les placards, préférant qu’il soit là pour me guider. Mais après tout, cuisiner à deux était nettement plus sympathique, plus ça irait aussi plus vite, pour pouvoir plus rapidement nous régaler avec tout à l’heure.

J'étais soulagé de ce jour de congé. Mon travail de professeur me prenait réellement beaucoup de temps, car en plus d'avoir un emploi du temps plutôt chargé, à certaines périodes j'avais des copies à corrigées des devoirs que je leur donnais. Or, certains de mes collègues étaient tranquille eux, ils avaient un emploi du temps plutôt léger selon leurs matière mais également leur ancienneté. Moi c'était ma première année ici, du coup on m'avait refilé tout plein de classes de différents niveau. Certains même m'avaient même relégué certaines classes qui n'étaient pas très cool niveau ambiance, mais j'avais fait avec, en même temps je n'avais pas le choix. Bref, tout ça pour dire que j'avais régulièrement une tonne de copies, plus ou moins bonnes, le soir en rentrant. A peine le temps de manger, à peine le temps de parler à Maellys quand elle était présente et hop, au lit. M'enfin bref, c'était surtout les premières semaines, là ça commençait à aller mieux.. Je n'avais pas du tout vu sa main sur son ventre et à vrai dire, j'étais tellement content de la voir que ça n'aurait pas tilter directement, plutôt quelques heures après. « Oui et toi ? » lui répondais-je à sa question avec un fin sourire. J'avais déjà fait une dizaine de crêpes, il me restait encore un peu de pâte, de quoi aller jusqu'à vingt surement. Il en restera surement mais autant faire plus que pas assez non ? J'en vins à rire à sa phrase suivante. « C'est pas vrai ! Moi aussi ! » Je me réjouissais un peu pour rien là mais j'étais content de passé du temps en sa compagnie. Elle me demanda si j'avais besoin d'aide. « Pas vraiment, faudrait juste sortir du sucre et de la confiture ou du nutella si t'en veux.. » Je lui désignais alors d'un mouvement de tête le placard qui regorgeait de ces délices. Je lui souriais, tout en avançant dans mes crêpes. Je lui en mettais alors quelques unes dans une assiette.

Revenir à Tree Hill me faisait du bien; c'était comme un retour aux sources, et j'espérais que tout ce que j'avais à révéler n'allait pas trainer en longueur. J'espérais que les mots sortiraient même sans que j'y pense, qu'ils tombent pile au bon moment, et qu'ils n'aient pas d'aussi lourdes conséquences que je le craignais. Mais il fallait déjà que je change les voix dans ma tête avant de le faire: en me répétant sans cesse que si je le fais, tout va mal se passer, alors cela se passera de cette manière, inévitablement. Une bonne dose d'optimisme et un regain de confiance en moi, voilà de quoi j'avais besoin. M’entendre aussi bien avec Léo était une bonne chose déjà ; c’est vrai, ça aurait pu être pire comme situation. Mais je ne voulais pas le déranger pour autant, je savais bien qu’il avait sa vie après tout. « - Comme un bébé ! » Je n'avais pas mal dormi non, mais pas d'un trait en tout cas, j'avais mis longtemps pour m'endormir et je m'étais retournée plusieurs fois, mais je ne voulais pas l'inquiéter avec ça, déjà que je ne lui avais toujours pas dit pourquoi je m'étais faite "agresser" la dernière fois, je n'ai vraiment pas envie de rajouter la cerise sur le gâteau. Je lâchais un petit rire lorsqu'il me dit que lui aussi tenait particulièrement aux crêpes, puis me dirigeais vers le placard qu'il venait tout juste de m'indiquer pour prendre tout ce qu'il manquait. M'installant ensuite à table, je souriais toute contente en découvrant les crêpes qu'il avait déjà placées dans mon assiette et le remerciais, attendant tout de même qu'il soit également assis avant de commencer à manger - non pas que j'étais une morfale, mais...en fait, si. Après avoir lancé un 'bon appétit' enjoué, je pris une crêpe et mis un peu de Nutella dessus, avant de croquer un morceau bien rapidement. - Elles sont super bonnes! » Dis-je toute enjouée.

Cette scène ne pouvait que me rappeler mon enfance. En effet, mon père se levait parfois le weekends, lors de possible insomnies et venait à nous faire des crêpes à moi et ma mère. Il n'était pas souvent là à cause de son travail, surtout en journées et en soirées de semaine mais il se rattrapait aisément durant nos weekends. Bon, j'étais un gros dormeur et je le suis toujours d'ailleurs mais je suis également un grand gourmand et mangeur et par cela, à chaque fois un dilemme venait s'imposer. Est-ce que je restais dans mon lit, emmitouflé dans les couvertures au chaud et dans mes rêves et mon sommeil profond, ou est-ce que j'oserais me lever, suivre cette délicieuse odeur et aller manger de douces crêpes que mon père confectionnait ? Sachant surtout que lui tout comme moi était très gourmand et qu'il se pourrait qu'il ne m'en reste pas beaucoup et que ma mère ne pouvait rien y faire à cela. Ainsi, je me levais la plupart du temps et allait faire la course avec mon paternel, à celui qui mangerait le plus de crêpes possible. Je souriais à cette idée, un peu nostalgique. Je l'observais croquer dans sa crêpe qu'elle avait faite au nutella et fit de même après avoir saupoudrer la mienne de sucre fin. Tout en mangeant, je l'observais. Elle semblait joviale et je l'aimais bien comme cela. « Dis moi jolie blonde, qu'as-tu à me raconter ? » J'étais terriblement nul pour commencer les conversations, mais j'avais envie qu'elle me parle d'elle, c'était comme ça. Je me resservais alors une autre crêpe tout en étalant du nutella cette fois-ci à l'intérieur.

Des petits-déjeuners gourmands comme celui-là, évidemment que je ne vais pas cracher dessus. Pas que je sois une grande morfale, mais...Si. Un peu beaucoup, en fait. Et surtout en ce moment, bien que ça ne soit pas complètement ma faute. Je me régalais, autant dire que cette journée ne pouvait pas mieux commencer. Appliquant une grosse cuiller généreuse de Nutella sur une énième crêpe, je relevais les yeux vers Léo et me figeais un peu face à sa question, mais ne laissait pourtant paraître aucun signe extérieur du stress qui venait soudainement m'envahir non, mon sourire restait intact alors que mon cerveau fusait et bouillonnait à mille à l'heure pour trouver une réponse adéquate à lui donner. Je ne pouvais pas lui parler du bébé pour ne pas l'inquiéter, et évidemment je pouvais encore moins lui annoncer entre deux crêpes que j'avais découvert que nous avions les mêmes parents - c'est plutôt moyen comme "réveil en douceur", si vous voyez ce que je veux dire. Mais pourtant, je ne pouvais pas non plus continuer à lui mentir ainsi, impunément. Il était tellement gentil avec moi, il ne mérite pas que je le traite de la sorte. Je ne suis pas prête à lui annoncer la vérité parce que j'ai moi-même du mal à m'y faire, certes, mais cela ne veut pas dire que je ne peux pas lui répondre tout en faisant des sous-entendus que moi seule pourrait comprendre, et qui se rapprochent tout de même de la vérité...Qui sait, peut-être que cela m'aidera ensuite pour sauter le pas plus tard et lui avouer ainsi mes lourds secrets. Essuyant ma bouche d'un revers de serviette, je hausse les épaules avant de lui adresser un petit sourire. « - La routine. Le boulot, puis quelques problèmes de famille, mais rien de trop grave j'espère...Et toi ? » Depuis que j'étais arrivée ici les discussions avaient plutôt été tournées dans mon sens, mais moi aussi, je voulais savoir ce qu'il était devenu depuis tout ce temps désormais.